Les lavoirs de la Vanne auboise

Le plan de ce document a été réalisé par Jeanne MARTEL dans le bulletin N° 10 de l'APVV.

Les extraits de son article sont enrichis des contributions locales...
....à compléter par la lecture du bulletin de l'APVV. 


Un peu d'histoire
Les lavoirs au fil de l'eau: Les lavoirs-abris.

Le lavoir des Cornées-Laliat, commune d'Aix en Othe.
Le lavoir-abri de Villemaur-sur-Vanne.



Les lavoirs au fil de l'eau: Les lavoirs-galerie.

Le lavoir-galerie des Boulins, commune de Maraye-en-Othe.

Le lavoir de Vareilles.

 


Les lavoirs à bassin: les lavoirs à compluvium.

. Le lavoir de Cérilly (Yonne).


Les lavoirs-halle

. Le lavoir de Neuville-sur-Vanne
. Le lavoir de Fontvannes.


Les lavoirs à cage ouverte

• Le lavoir d'Estissac.


Les lavoirs à cage fermée

. Le lavoir de La Bouillant. Commune d'Aix-en-Othe.
. Le lavoir de Bercenay-en-Othe.
• Le lavoir des Roises de Bucey-en-Othe.
• Le lavoir de Bérulle.
• Le lavoir de Rigny-le-Ferron.
• Le lavoir de Saint-Benoist-sur-Vanne.
• Le lavoir de Saint-Mards-en-Othe.
• Le lavoir de Villemoiron-en-Othe.



.... C'est au lavoir que s'écrit la gazette du village avec ses potins qui font et défont les réputations, à tel point que ce lieu est parfois appelé «salle des rapports», «tribunal des bavardes» ou encore «temple de la médisance». Ils jouent un rôle social important....

source: les lavoirs de France


....Tous ces édifices ont en commun une certaine forme de beauté simple mais touchante parce qu'on y retrouve l'âme du concepteur et celle du constructeur.


C'est ainsi que certaines communes n'hésitent pas pour leur lavoir, à recourir aux services d'architectes, en vue de la réussite technique et esthétique de la construction.


Le meilleur exemple de réussite architecturale est, non loin de chez nous, le lavoir du XVIIIème siècle de Brienon-sur-Armençon, un chef d'œuvre classé monument historique.


Un peu d'histoire.

Au début, le lavoir devait être une simple pierre posée au bord de l'eau. Puis les pierres ont été rapprochées et les eaux conservées dans un bassin. Mais en hiver, les eaux gelaient et les laveuses étaient exposées à toutes les intempéries.

Au XVIIIème siècle, furent construits un certain nombre de lavoirs qui en général, comptent parmi les plus beaux....

 ...Au XIXème siècle,à partir des années 1820-1830,naît le« mouvement des lavoirs» ayant pour arrière-plan la vague hygiéniste qui envahit la France...

...En 1914, l'Aube compte près de 500 lavoirs. La moitié d'entre eux ont été élevés entre 1852 et 1901...

...La ménagère ne sera libérée qu'en 1963 avec la première machine à laver....


Au début du siècle, le grand lavoir au fil de l'eau
de Mathaux.

Il consistait en quelques pierres alignées au bord de l'Aube.
Les laveuses y rinçaient le linge amené par brouettes,
dans des lessiveuses ou des baquets

Les lavoirs au fil de l'eau: Les lavoirs-abris.


Le lavoir-abri de Cornées-Laliat- Commune d'Aix en Othe

Le lavoir des Cornées-Laliat, commune d'Aix en Othe. Edifié en 1892, il est implanté à proximité du hameau, dans le bois de Saint Rémeau, au bord d'une mare.

On y accède à partir de la RD 77 par un petit chemin forestier situé sur la droite de la route, peu avant l'entrée du hameau, en venant d'Aix-en-Othe.

Ce petit lavoir offre au promeneur qui le découvre, une vision champêtre en accord avec son cadre boisé. Construit en bois, il forme une petite cage bardée de planches sur trois côtés.

Son toit possède deux versants inégaux dont l'un plus abaissé sur l'eau, s'incline juste ce qu'il faut pour protéger la lavandière, son garde-genoux et sa lessiveuse.

Ce type de lavoir, très modeste et peu coûteux, est avant tout le «lavoir de l'intimité»

 Le lavoir-abri de Villemaur-sur-Vanne. Etabli au bord de la Vanne, un peu en amont du vieux pont de pierre, il a la même structure que le lavoir précédent, mais il est plus élaboré.

Il est en effet muni d'un plancher mobile, constitué de planches épaisses que l'on règle par rapport au niveau de l'eau, en manœuvrant des poulies.


Le lavoir-abri de Villemaur sur Vanne

Les lavoirs au fil de l'eau: Les lavoirs-galerie.


Le lavoir-galerie des Boulins au bord de l'étang de Gué

Le lavoir-galerie des Boulins, commune de Maraye-en-Othe.

Ce type de lavoir, édifié en longueur, est généralement d'assez grandes dimensions. Comme son nom l'indique, il présente en façade une galerie qui ouvre sur l'eau.

Celui des Boulins, construit en 1885, au bord de « l'étang du gué», est assez modeste. Sa toiture à double versant est soutenue en façade par six poteaux de bois, scellés dans des plots en briques, ce qui permettait l'installation de cinq laveuses.

A l'arrière, il est fermé par un mur en pans de bois, hourdé de briques, qui lui donne un petit air champenois. Ce lavoir est souvent visité car il est implanté dans un site romantique qui inspire peintres et photographes, surtout en arrière-saison, quand les arbres cernant le plan d'eau prennent leurs teintes automnales.

 Le lavoir de Vareilles a été construit au bord du rû de Vareilles à proximité de la RD 76 de Theil à Vareilles


André Coladon raconte: "...Pas de machine à laver, une énorme lessiveuse et c'était déjà un progrès et le savonnage et le rinçage au lavoir du ruisseau, par tous les temps, à genoux dans une sorte de bac en bois «le garde genoux», avec un coussin et en avant la brosse et le battoir, pendant de longues heures! Le lavoir du Bourg a été construit en 1873, sur le rû, à coté de l'abreuvoir."

Il est intéressant de découvrir comment les Vareillois l'ont construit sans subvention européenne, nationale, régionale ou départementale: chacun a apporté sa pierre ou son obole.


Le lavoir de Vareilles

Les lavoirs à bassin: les lavoirs à compluvium.

Dans les régions affligées de sécheresse saisonnière ou quand l'alimentation du lavoir est insuffisante ou irrégulière, on a eu l'idée d'utiliser en complément l'eau du ciel. Ainsi sont nés les lavoirs à compluvium. Ces bâtiments possèdent un toit présentant une large ouverture, le compluvium_12ar où tombent les eaux pluviales recueillies dans un bassin de lavage,!'impluvium....

Le lavoir de Cérilly (Yonne). Édifié en 1875, il est situé en limite des départements de l'Aube et de l'Yonne et peut être considéré comme faisant partie des lavoirs de la vallée de Vanne « élargie ». Alimenté par le surplus plus ou moins fluctuant des eaux de captage de la ville de Paris, il appartient à la catégorie des lavoirs à compluvium ouvert. Celui-ci se présente sous la forme d'un espace laissé libre entre deux lavoirs-galeries se faisant face et couverts de toits et appentis dont les eaux de ruissellement se joignent aux eaux de pluie pour tomber dans l'impluvium. Dans chaque lavoir, les charpentes sont soutenues par quatre piles montées en briques, délimitant ainsi les dix emplacements réservés aux laveuses. De plus, une belle luminosité naît de cette architecture particulière.


Le lavoir à compluvium de Cérilly


Les lavoirs-halle 

Ces lavoirs à petit budget intéressaient les communes aux revenus modestes. leur bassin est abrité par une toiture en bâtière (2 pans) ou en pavillon (4 pans) soutenue par une charpente à poteaux. leurs côtés ouverts à tous vents étaient l'objet de réclamations de la part des lavandières.


Le lavoir-halle de Neuville-sur-Vanne

Le lavoir de Neuville-sur-Vanne.


Un lavoir aurait existé dès 1829 à Neuville. Plus tard, en 1850, est-ce le même édifice qui a été couvert par M. Mahaut, maître-charpentier?

Celui que nous connaissons, situé au centre du village et alimenté par les eaux de la source St Martin,date de 1875. Sur une carte postale du début du XXème siècle, il apparaît coiffé d'un toit en pavillon et totalement fermé par un galandage en planches, probablement pour protéger les laveuses,des courants d'air.

 Aujourd'hui,il a changé de physionomie. Son grand bassin de lavage,auquel on accède en descendant deux escaliers de quelques marches, est toujours abrité par le même toit porté par une charpente à poteaux, mais tous les côtés sont ouverts à la manière d'une halle.

Bâtiment sobre, élégant dans sa simplicité, le lavoir de Neuville est à découvrir, surtout en été quand il est agréablement fleuri.

Le lavoir de Fontvannes.

Bien qu'il ait été légèrement modifié lors de sa restauration, par ailleurs fort réussie, le lavoir de Fontvannes, quelque peu atypique, peut être rattaché à la famille des lavoirs-halle. Implanté en contrebas de la 0.660, à la sortie Est du village,il est alimenté par la source de la Vanne, jaillissant en amont sous l'église St Alban pour ensuite former un petit rû qui,au lieu-dit« le pré de la fontaine »traverse le bâtiment.

Son toit en bâtière qui, en 1835, était couvert en paille de seigle, est soutenu par une ossature en pans de bois, ouverts dans leur partie haute et hourdis de carreaux de plâtre dans leur partie basse.

A l'intérieur, le bassin de lavage rectangulaire possède une vanne qui règle le débit d'eau. Bien intégré dans son cadre de verdure, ce lavoir a un petit air champenois tout à fait charmant.


Le lavoir-halle de Fontvannes


Les lavoirs à cage ouverte


Le lavoir à cage ouverte d'Estissac- coté sud


Ils constituent une évolution notable dans la construction des lavoirs. Ce sont des bâtisses plus importantes, édifiées en matières nobles, la pierre ou la brique, et qui font l'objet d'une recherche architecturale. 


Dans les lavoirs à cage ouverte,il semble que le choix de laisser un côté ouvert ait été dicté pour un souci d'aération, empêchant ainsi qu'une atmosphère trop chargée d'humidité ne dégrade la construction. 


• Le lavoir d'Estissac.
Jouxtant la place Caroline, ce grand lavoir,à l'architecture de brique, est construit à cheval sur la Vanne qui alimente son bassin de lavage.

Couvert d'un toit en bâtière, il est fermé à l'Est, au Nord et à l'Ouest. Côté Sud, un des versants du couvert s'avance en avant-toit, soutenu par quatre fortes piles carrées délimitant trois ouvertures, dont l'une sert d'entrée. Côté Ouest, le lavoir présente un pignon remarquable aux allures de chevet d'église.

Couvert d'un chaperon de pierre, il est percé de cinq baies : une centrale la plus haute et deux latérales de chaque côté, de grandeurs décroissantes et parfaitement symétriques. Les pleins cintres de ces ouvertures sont clavés de briques saillantes et s'ornent chacun d'une clé en pierre blanche.

A l'intérieur, le grand bassin carré est munid'un vannage qui règle le débit des eaux.


Le lavoir à cage ouverte d'Estissac- pignon ouest


Les lavoirs à cage fermée

Progressivement, quatre murs vont ceinturer le lavoir et les lavandières seront enfin protégées des intempéries.

Puisqu'il s'agit d'une véritable construction, désormais chaque commune va rivaliser pour faire édifier le plus beau lavoir et pour cela fera appel, dans la majorité des cas, à un architecte. Les matériaux employés sont fonction des ressources de la région et de la richesse des communes. On emploie la pierre, la brique qui remplacent le bois.

Pour le toit, on utilise souvent la tuile mécanique inventée en 1850.

Les nouveaux lavoirs sont bien éclairés, soit par des fenêtres en demi-lune,soit par des baies en plein cintre, soit par des ouvertures rectangulaires ou par un lanterneau.

A l'intérieur, le bassin au fond pavé ou dallé, est pourvu de margelles en pierre qui ont remplacé les margelles en bois.


Le lavoir de la Bouillant d'Aix en Othe

. Le lavoir de La Bouillant. Commune d'Aix-en-Othe.


Établi en contrebas de la route départementale 194, menant vers St Mards-en­ Othe, ce lavoir de 9m sur 7,50m présente,sur sa façade pignon Sud, un cartouche indiquant la date de sa construction: 1873.

Sa toiture en bâtière, couverte en tuiles mécaniques, déborde légèrement les murs, leur assurant ainsi une meilleure protection.

Le lavoir est alimenté par les eaux de la Fontaine de la Bouillant qui, canalisée depuis la source, tombent dans un avant-bassin.

Un escalier monumental à double révolution (28 marches de chaque côté) enserre cet avant-bassin.

L'ensemble constitue un ouvrage d'art spectaculaire et remarquable. Mais on se demande comment les laveuses procédaient pour remonter leurs fardeaux de linge mouillé jusqu'à leur brouette restée en bordure de route.

Les murs du lavoir sont édifiés en briques jointoyées de blanc et positionnées en boutisse et panneresse. Cette technique laisse successivement apparentes la boutisse, petit côté de la brique, puis la panneresse, grand côté.

La boutisse étant souvent grésée, elle présente une teinte assez foncée d'un gris bleuâtre tandis que la panneresse est beaucoup plus claire, d'un brun orangé. L'association des deux tons, donne ici, des murs vivants, agréables à regarder.

Après avoir descendu les deux volées de 14 marches, coupées par un palier, on se trouve devant l'unique entrée du lavoir, grande ouverture centrale dont le cintre est clavé de briques.

A l'intérieur, le bassin rectangulaire de 7m de long sur 3.50m de large, est occulté aujourd'hui par une dalle pour éviter tout accident. Une seule fenêtre rectangulaire de dimensions modestes, est percée dans le pignon Nord. Elle est avec l'entrée, la seule source de lumière de la salle de lavage qui reste assez sombre.

Le lavoir de la Bouillant séduit par son originalité, soulignée en son temps par Pierre Bonte, animateur de l'émission «Bonjour Monsieur le Maire».


L'avant bassin et les escaliers monumentaux



Le lavoir de Bercenay en Othe


. Le lavoir de Bercenay-en-Othe.

Sa construction a été décidée lors de la réunion du Conseil municipal du 5 février 1843, siégeant sous la présidence du maire M. Prudent Deviste. La réalisation de la construction fut confiée à M. Pierre Boizard,entrepreneur à Auxon.

Le bâtiment, établi en franchissement de l'Ancre, petit affluent de la Vanne, est situé en face de l'église. Il se présente sous une forme octogonale irrégulière qui fait à la fois son originalité et son charme.

Construit entièrement en brique, il possède une entrée qui se détache à l'avant de l'édifice, comme une proue de navire. Les larges piédroits de la porte, montés en briquettes, soutiennent un cintre clavé de briques, orné à son sommet d'une clef en pierre blanche.


L'ensemble est protégé par un petit auvent à la manière champenoise. Des piliers quadrangulaires,ponctuent chaque sommet de l'octogone.

A l'intérieur, c'est d'abord la magnifique charpente qui retient l'attention. Le maître charpentier qui a réalisé un si bel ouvrage, avait vraiment du talent.

Puis on remarque l'originalité des modes d'éclairage et d'aération. Ici pas de fenêtres. Le haut des pans de murs enserrés entre les piliers s'arrête à quelque 60 cm au-dessous des bords du toit, dessinant ainsi des ouvertures rectangulaires, dépourvues de vitres et qui laissent passer l'air et la lumière.

Le sol porte de larges dalles de pierre de part et d'autre du bassin de lavage où l'Ancre continue de couler interminablement.



Intérieur du lavoir de Bercenay en Othe



Le lavoir des Roises de Bucey en Othe

• Le lavoir des Roises de Bucey-en-Othe.

Il date de 1880 et a été édifié par M. Vallot,entrepreneur à Laines-aux-Bois.

Situé à l'écart du village, au bout de la Ruelle à l'eau et près du manoir fortifié, il est alimenté par le Ru de Bucey.

Son architecture commune s'est avérée le modèle le plus répandu au bord des rivières. Sa construction obéit à un plan très simple. Il s'agit d'un bâtiment bas, tout en longueur, édifié en brique et dont le toit en bâtière est couvert de tuiles mécaniques.

Il est éclairé par cinq petites fenêtres carrées et possède deux portes d'entrée. On ne note pas ici de recherche architecturale particulière, hormis la présence de larges pilastres en saillie qui rythment les façades et de linteaux en pierre blanche qui soulignent les ouvertures.

Cet édifice, qui pourrait paraître austère, est heureusement réchauffé par les teintes des briques othéennes qui forment de délicats camaïeux de gris, de brun, de rouge et d'orangé, offrant ainsi des colorations nuancées du plus bel effet.

A l'intérieur, le bassin de lavage, s'étend sur toute la longueur de la construction.

Le lavoir des Roises qui sombrait dans l'oubli a été sauvé par l'Association de Sauvegarde du Patrimoine de Bucey-en-Othe, qui après l'avoir restauré,s'emploie sans relâche à l'entretenir et à le mettre en valeur

• Le lavoir de Bérulle.

 Cette belle réalisation architecturale présente deux particularités.

 La première a trait à son implantation: A l'extrémité d'un petit chemin qui part du centre du village, à droite de la rue du Faubourg, on découvre soudain, dans un val ombragé, un bâtiment « corseté » entre deux hauts talus et ne présentant au promeneur étonné que ses façades­ pignons.

 La seconde particularité concerne son mode d'alimentation en eau. Celle-ci est fournie par une source située à l'ouest du bâtiment,captée en 1868. Pour arriver dans le lavoir, ses eaux empruntent une galerie aux parois maçonnées de briques. L'un des côtés de cette galerie porte, à quelques 50 cm au dessus du niveau de l'eau,des blocs taillés faisant saillie et formant un passage qui permet de surveiller l'ouvrage

Quant au lavoir proprement dit, sa construction a été réceptionnée le 14 novembre 1869 «en présence de MM. Gatouillat, Maire, Lanoux entrepreneur à Aix-en-Othe, Quilliard, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées de l'Aube» et son coût est arrêté à 3 801,19 F.

La grande bâtisse est entièrement édifiée en briques et coiffée d'un toit en bâtière couvert de petites tuiles plates.


Lavoir de Bérulle.
Amenée d'eau de la fontaine au bassin de lavage



Le lavoir de Bérulle "corseté" entre deux hauts talus

Étant donné la configuration des lieux, le bord inférieur de chaque versant vient mourir sur le haut des talus qui enserrent le lavoir.

Dans chacune des façades-pignons s'ouvre une grande porte d'entrée au cintre clavé de briques et une large et haute fenêtre en plein cintre également, à montants métalliques,qui laisse passer des nappes de lumière dans un puits d'ombre.

Pour pénétrer dans le bâtiment, on doit descendre quelques marches. A l'intérieur, le grand bassin de lavage est pavé de briques plates et pourvu de margelles de pierre qui ont remplacé celles en bois.

 Les murs latéraux ont gardé leurs barres d'égouttage en chêne.

Dans un angle subsiste une cheminée montée sur des consoles à rouleaux.

Le trop-plein des eaux s'écoule dans un bassin extérieur qui a longtemps servi d'abreuvoir. Transformé ensuite en cressonnière, il est envisagé dans un proche avenir de l'agrémenter avec ces magnifiques fleurs aquatiques que sont les nénuphars.

Il y a quelques années, la dernière lavandière de Bérulle venait encore hanter les lieux.

• Le lavoir de Rigny-le-Ferron.

Situé impasse du lavoir, édifié en 1848 sur les plans de l'architecte troyen M. Dhuyelle il a été construit par l'entreprise Thomas Trucheloup.

Ce lavoir fermé est alimenté par la fontaine Saint Martin. En 1878, à la suite de son agrandissement, il est devenu le plus vaste du canton. Il se présente sous la forme d'une belle bâtisse de brique, coiffée par un toit en bâtière couvert de petites tuiles plates.

Malheureusement, un bâtiment en planches des plus disgracieux occulte une des façades principales,ne laissant libre que la porte d'entrée.

Dix fenêtres en léger cintre assurent un très bon éclairage du lavoir. Autres sources de lumière, deux grands œils-de-bœuf, remarquablement clavés, sont percés dans chaque pignon.


Lavoir de Rigny-le-Ferron


Intérieur du lavoir de Rigny-le-ferron

À l'intérieur, les pans de mur dans lesquels s'ouvrent les fenêtres sont séparés les uns des autres par de gros piliers de briques carrés. Établis en saillie ils rythment agréablement l'ensemble.

 De part et d'autre du long bassin de lavage aux margelles de pierre, deux grands couloirs dallés permettaient aux laveuses de circuler aisément.

Les longues barres d'égouttage sont toujours en place.

Ce lavoir aurait besoin d'une sérieuse restauration. Il est urgent de combattre l'humidité qui détruit lentement les murs et s'attaque même à la charpente. Par la suite,il serait bon de le dégager des bâtiments qui le parasitent. Ainsi mis en valeur, le lavoir de Rigny retrouverait son visage originel.

 

• Le lavoir de Saint-Benoist-sur-Vanne. Un premier lavoir municipal avait été construit à St Benoist en 1833, sur une parcelle appartenant à M. d'Ambly, propriétaire du château.

Quinze ans plus tard, l'édifice qui se dégradait, fut remplacé par un nouveau lavoir, celui que nous connaissons aujourd'hui. Situé à 600 m environ au sud de la D 660, route de Courmononcle, ce bâtiment le plus haut du canton d'Aix-en-Othe, date de 1848. Édifié entièrement en brique, il a une forme polygonale irrégulière peu courante et son toit en pavillon est couvert de petites tuiles plates.

A première vue, ce qui étonne toujours, c'est le manque total de fenêtres de la construction,la seule ouverture étant la porte d'entrée dont l'imposte est clavée de briques.

Ceci s'explique par le fait qu'à l'origine, le lavoir présentait sur sa toiture une sorte de lanterneau en forme de parallélépipède couvert en tuiles et dont les parois vitrées dispensaient à elles seules assez de lumière pour éclairer l'intérieur de l'édifice. Cette structure a été détruite au début du XXème siècle.

L'alimentation en eau du bassin de lavage se faisait par l'intermédiaire du canal de fuite des douves du château.

La bâtisse a été restaurée en 1980. et son environnement immédiat,est devenu une halte touristique admirablement située au bord de la Vanne.

Ajoutons qu'autrefois,cet endroit avait été aménagé en abreuvoir. De plus, en mai­ juin, les propriétaires de moutons venaient y laver leurs bêtes. Certains éleveurs de Planty «descendaient» même à St Benoist pour effectuer cette opération.


Lavoir de Saint-Benoist-sur-Vanne

• Le lavoir de Saint-Mards-en-Othe.

Il est le plus vaste du département de l'Aube avec des dimensions inusitées :29,10m sur 7,46m de largeur car il avait été prévu pour recevoir une soixantaine de lavandières, ce qui était considérable.

On peut alors se poser la question. Pourquoi un tel projet ? On peut expliquer cette décision en grande partie par la date de réception de la construction : 11juillet 1854.

A cette époque,la commune de St Mards-en-Othe vit son âge d'or. Depuis 1840,elle est rentrée en possession de ses bois, soit 420 ha environ de forêt, à la suite d'un long procès intenté contre les familles La Rochefoucaud et Casimir-Périer. De plus, la bonneterie qui s'est implantée en Pays d'Othe crée de nouvelles richesses.


Lavoir de Saint-Mards-en-Othe

Dans les années 1854-1860,on compte à St Mards 41 métiers à bras dits« anglais». On peut donc se permettre de voir« grand».

On édifie alors une grande bâtisse, rue de la Digue, à la sortie sud du village, en direction de Nogent-en-Othe, qui va bénéficier d'une exécution soignée.

Elle est en briques de qualité supérieure provenant des fourneaux du Gaty, commune de Géraudot. Quant à la décoration,bien que sobre,elle témoigne d'une certaine recherche. Un long bandeau de pierre blanche ceinture le lavoir au niveau des allèges de fenêtres.

Dix baies vitrées se présentant sous forme de grandes demi-lunes éclairent l'intérieur. Le clavage du cintre de chacune d'elles en retrait par rapport à la façade, est souligné par un cordon en saillie, interrompu au sommet de l'ouverture par une clef en pierre blanche, dessinant une agrafe.

Huit de ces baies ponctuent la façade principale,symétriquement (quatre de chaque côté) par rapport aux trois portes d'entrées contiguës qui donnent accès à l'intérieur du lavoir. Les pignons percés d'une seule baie, encadrée de pilastres, forment dans leur partie haute un triangle dont les trois côtés sont soulignés de modillons.

A l'intérieur, le bassin de lavage de 24,20m sur 2,60m était alimenté par les eaux de la source de Saint Boin.

Aujourd'hui, il est recouvert d'un plancher, le bâtiment servant de vestiaire à l'équipe de foot locale. La cheminée,située dans l'angle sud-ouest est toujours en place.

• Le lavoir de Villemoiron-en-Othe. Il est situé en bordure de la D.374, à l'angle de la rue du Moulin.

Construit probablement dans la deuxième moitié du XIXème siècle, son style de construction est représentatif de l'architecture de brique du Pays d'Othe. Edifié sur plan rectangulaire, il est coiffé d'un toit en pavillon couvert de tuiles plates, dites de « Bourgogne ».

Ses murs sont percés de petites fenêtres en demi-lune aux petits bois rayonnants dont le plein cintre,soigneusement exécuté,est souligné d'un cordon de briques. La porte d'entrée est surmontée d'une imposte vitrée rappelant les fenêtres, mais elle a perdu ses petits bois.

Un étroit bandeau de briques en saillie fait le tour du bâtiment au niveau des bases des ouvertures. Une corniche à modillons court sous le toit.


Lavoir de Villemoiron-en-Othe

Un escalier de quelques marches et une rampe pavée permettent d'accéder à l'intérieur de la bâtisse dont les murs présentent dans leur partie haute une frise originale, composée alternativement de deux briques placées horizontalement et de deux briques positionnées verticalement.

Le grand bassin de lavage est alimenté par les eaux d'un bras de la Nosle, petit cours d'eau qui se jette dans la Vanne.

Ses larges margelles de pierre blanche,polies par des années d'utilisation pourraient,si elles pouvaient parler,nous conter le labeur harassant de ces vaillantes lavandières «aux mains blêmes et raidies d'onglée, nouées de rhumatismes, tannées et torses comme celles des marins »