Marnière de Vareilles
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Le pays d'Othe se situe sur
un plateau, parfois très accidenté, d'assises crayeuses,
recouvert par des sables formés de débris de silex.
L'érosion a profondément
fouillé et sculpté le sol, qui est sillonné de vallons, de
ravins et de fondrières.
De place en place, sur les
flancs crayeux des coteaux, s'ouvrent, de larges
anfractuosités aux pentes rapides, évasées en forme
d'entonnoirs.
Le Sénonien présente une
craie dure voir noduleuse avec la formation de multiples
silex profonds.
Ces caractéristiques
géologiques ont favorisé l'apparition de sources. Elles
sortent de la craie et sont de type karstique. L'eau
circule librement dans des fissures de la craie. Un grand
nombre de sources ont alimenté la Vanne, qui coule à la
limite nord du Pays d'Othe.
D'autres sources alimentent
Paris en eau grace à l'aqueduc de la Vanne.
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le ru de Vareilles est un affluent de la Vanne. Il nait
au lieu dit "les sources de Vareilles" étendue d'eau
alimentée simultanément par un puits artésien: "le bîme"
et par une rivière souterraine: le ru de l'érable.
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Les sources de Vareilles- le bîme
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Une légende se racontait autrefois à la veillée.
"Une gente dame, préféra, le
jour de Pâques s'aller promener en carrosse plutôt que
d'assister à la messe de la résurection du Christ.
Mal lui en prit, car le
temps radieux s'assombrit, la colère divine se fit
entendre, le tonnerre et les éclairs affolèrent les
chevaux dans la descente des bois de Vareilles.
Les chevaux, le carrosse et
la belle tombèrent dans le bîme et furent engloutis."
On retrouve cette légende dans des lieux proches
d'autres bîmes dans l'Aube
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Le ru de l'érable nait dans
une petite vallée entre ARCES et le PONT EVRAT. Il reçoit
le ruisseau de la source de RAGEUSE et capte ensuite les
eaux de la vallée de VAUDEURS et de VAREILLES.
Son cours devient
souterrain au PETIT-VAUDEURS pour resurgir 8 KM plus loin
aux SOURCES DE VAREILLES.
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Ref ADY - H369- Plan de 1699
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Son débit minimum est de 0,160 m3/s au confluent, et
lors des crues extraordinaires, il peut atteindre 1 m3/s.
Sous l'impulsion des moines de Saint Rémi de Sens, qui
possédaient de nombreuses propriétés à Vareilles de 834
jusqu'à la Révolution, une grande activité s'est
développée sur le ru.
On ne dénombre pas moins de quatre
moulins et trois
lavoirs communaux, sans compter les lavoirs
particuliers comme celui de la ferme des prés.
Les sources de Vareilles auraient, aussi, pu alimenter
Sens en eau par l'aqueduc Saint Philbert
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Le ru de Vareilles
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L'AQUEDUC SAINT -PHILBERT
Pierre BURETEAU, savant
moine célestin de SENS qui vivait au commencement du
XVIème siècle, admet que l'aqueduc, connu sous le nom de
CONDUIT SAINT-PHILBERT existait déjà du temps de LEONTIUS,
troisième évêque de SENS.
Un anonyme (manuscrit
n°106- bibliothèque de SENS-p 2) donne une date précise,
et avance que cette fontaine existait déjà en l'an 87,
qu'elle «procédoit des
fontaines SAINT-PHILBERT à PONT-sur-VANNE et VAREILLE,
passant sous la terre par un beau canal de ciment»,
et il ajoute que "par
négligence des gouverneurs, cette eau a perdu son
cours".
La longueur de l'aqueduc,
d'après le profil en long de cet ouvrage, entre VAREILLES
et l'enceinte fortifiée de SENS était de 16,7Km. Il s'agit
d'une conduite maçonnée en pierres, large de soixante cm,
haute d'un mètre soixante, qui n'a rien d'autre pour lui
que ses 19 siècles d'existence.
Cet aqueduc, qui n'est
visible qu'à Malay le Grand, a été construit vers la fin
du Ier siècle après Jésus-Christ. Sa capacité a été
évaluée à 23000 m3 par jour.
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Mais tout commence par une
légende rapportée par l'abbé Prunier, curé de Soucy vers
1850:
"Il y
avait à Sens un Comte ayant une jeune et jolie fille,
aimable châtelaine sans fortune. Sa beauté lui attirait
mille adorateurs mais la pauvreté repoussait les épouseurs
et la belle et douce Emma restait sans époux. Deux vilains
fortunés, l'un orfèvre et l'autre maçon, devinrent
éperdument amoureux et la demandèrent en mariage.
Le
Comte les écouta et sans consulter sa fille dit aux
concurrents que celui d'eux qui aurait le talent et la
fortune de faire un chef d'œuvre d'ancien art deviendrait
l'heureux époux de la belle Emma.
Il
voulut que l'orfèvre fit une chaîne d'or enrichie de
pierreries qui entourât l'enceinte de la ville et que le
maçon construisît un souterrain de Sens à Vareilles, le
tout dans l'espace d'une année. C'était pour d'autres que
les amoureux chose impossible : ils se mirent à l'œuvre
tout de suite mais l'orfèvre fut ruiné et ne put faire la
chaîne. Il n'en fut pas de même du maçon qui fit et acheva
le souterrain.
Fidèle
à sa promesse, le comte lui donna sa fille en mariage."
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JULLIOT au
dix-neuvième siècle précise, "LES
SOURCES: L'aqueduc de SENS captait au moins trois
sources : NOE, Le MIROIR de THEIL et SAINT-PHILBERT. Il
est même très probable qu'il en prenait une quatrième,
la SOURCE de VAREILLES, qui jaillit dans une vallée
secondaire, à 2500 mètres environ de SAINT-PHILBERT."
Les quatre sources
proviennent de circulations profondes et arrivent au jour
par de véritables cheminées, des puits artésiens forées
dans la craie compacte. Ces cheminées sont remplies de
cailloux à SAINT-PHILBERT, à THEIL et à NOE, et de limon à
VAREILLES.
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Ces quatre sources qui
alimentaient l'aqueduc pendant la domination romaine
furent, à partir de la grande invasion des FRANCS,
successivement détournées de l'aqueduc par les riverains.
Ainsi, dans les textes
recueillis par M. JULLIOT, il n'est jamais question des
sources de NOE et du MIROIR de THEIL: les fontaines de
SENS étaient alimentées, suivant les anciennes chroniques,
par les sources de VAREILLES et de SAINT-PHILBERT.
Quelques personnes âgées du
village de VAREILLES ont eu l'occasion, pendant leur
jeunesse de jouer dans des ruines d'«anciennes caves», à
proximité du MOULIN D'EN HAUT ou MOULIN de SAINT-REMY. En
comparant leurs souvenirs à des croquis de l'aqueduc
romain de SAINT PHILBERT à SENS, il semblerait qu'il
existe beaucoup de similitudes.
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Tracé supposé de l'aqueduc Saint-Philbert d'après
Belgrand
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